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 L’ECOLE de BEAUVALLON a commencé en Septembre 1929. Elle a donc 45 ans d’ancienneté. Cela fait déjà un recul suffisant pour pouvoir en juger un peu le déroulement. Des anciens élèves, des collaborateurs, me demandent d’en écrire l’histoire.
J’ai beaucoup hésité car j’aime beaucoup mieux parler qu’écrire, et j’ai bien peur de ne pas pouvoir présenter cette histoire d’une façon attrayante. Mais je crois qu’elle peut aider des jeunes qui veulent créer une communauté.
Avant de commencer l’histoire de l’Ecole-même, il faut remonter plus haut encore, en 1917, date de l’établissement de la ”Pension de Beauvallon” dont la réussite a permis cette deuxième réalisation.
La Pension et l’Ecole sont construites à Dieulefit, petit village dans le sud de la Drôme, car ma famille est dieulefitoise depuis plusieurs générations, et m’établir dans ce pays semblait tout naturel.
Dieulefit, il y a 60 ans, était comme une grande famille ; tout le monde se connaissait. On va chez les uns et les autres et il dhumaine, dans laquelle j’ai vécu pendant toute mon enfance et ma jeunesse, m’a donné, je pense, une confiance dans la vie et dans les hommes, un optimisme inaltérable qui ne m’ont jamais quittée et que ma vie n’a fait que développer.


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De là me vient cette fois l’idée de l’influence du milieu et de l’environnement dans l’éducation des enfants. A 17 ans, j’avais déjà comme idée directrice d’aider les autres comme j’avais été aidée, et j’ai donc choisi la profession d’infirmière.
    Durant deux ans, j’ai été élève à l’Ecole de la rue Amyot, dirigée par Mlle Johannès (?), et là encore, j’ai trouvé un climat de collaboration et d’amour qui n’a fait que confirmer mes impressions d’enfant.
    En 1916, une de mes amies et moi-même avons fléchi du point de vue santé et les médecins nous ont prescrit quelques mois de repos. La question se posait : où aller ? Pas de Sécurité Sociale, pas ou peu de maisons de repos, et nous avons échoué dans un hôtel près de Chamonix, dirigé par de très braves gens, mais sans aucun confort ni environnement agréable.   
    Rentrées à Dieulefit, on nous conseille de ne pas retourner en ville mais de nous installer à la campagne. Nous avions tant désiré une maison confortable, jolie et bon marché pour nous reposer, que nous décidions alors de fonder une telle maison pour pouvoir offrir à des jeunes dans notre cas tout ce qui nous avait manqué.
    Mes parents possédaient une petite ferme, à trois kilomètres de Dieulefit, qu’ils nous ont cédée très volontiers. Cette ferme n’avait que trois chambres habitables et, heureusement, des écuries, des greniers à foin, etc. Toutes ces dépendances sont très intéressantes quand on achète une ferme.
    Nous logions chez nos parents à Dieulefit.
    Il n’était pas question de prendre un architecte : où aurions-nous pris l’argent nécessaire ? Nous étions persuadées qu’une entreprise n’ayant pas un but personnel mais répondant à une nécessité était sûre de réussir. Aussi avons-nous embauché des ouvriers, et tous les jours j’allais à bicyclette travailler avec eux. D’ailleurs, nous vendons une partie de la propriété de Beauvallon pour que le fermier accepte de partir, et cette vente nous donne l’argent nécessaire pour commencer.
    Les parents de mon amie, mes frères, pouvaient aussi nous aider un peu au début, et nous avons entamé courageusement les aménagements. Nous avons arrangé : cuisine, salle à manger et deux ou trois chambres. Immédiatement, nous avons eu des pensionnaires qui, très vite, sont devenus des amis.
    Et la grande aventure commença.

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Ce ne furent pas des journées de huit heures qui auraient suffi, et je voudrais bien dire à tous ceux qui veulent créer quelque chose : “Vous aurez des années dures à passer au point de vue travail et il faut s’y mettre tout entier”. D’ailleurs, il y a une joie énorme à voir se transformer par vos efforts les bâtiments que vous achetez, à faire des plans, à prévoir les besoins futurs. Vous serez récompensés au centuple de vos efforts.
    Au bout de quelques semaines, nous pouvions habiter sur place. A peine avions-nous une chambre prête qu’elle était occupée, et nos pensionnaires devenus très vite nos amis. Nous vivions dans un climat de compréhension et d’aide mutuelle.
    Il fallait, non seulement arranger la maison, mais organiser le terrain aux alentours : labourer, soigner les animaux (vaches, cochons, etc.), faire la cuisine... Là encore, ce furent des années remplies de joie et nous avons oublié très vite toutes les difficultés matérielles ou autres que nous avons rencontrées.
    Vous ne devinerez jamais le premier travail qu’il y a eu à faire avant même d’habiter la maison. Les fermiers, nos prédécesseurs, n’avaient pas de W.C., ce qui était courant à l’époque. Ils avaient installé un abri en planches avec une fosse creusée à même le sol, à l’entrée de la cour. Il fallait donc, en premier lieu, se débarrasser de ce lieu mal odorant après l’avoir remplacé par quelque chose de plus hygiénique. Mais qui trouver pour le faire ? Personne n’était très enthousiaste, et je m’y suis mise courageusement avec un seau et une épuisette. Dire que c’était agréable, non ! mais j’avais tellement la conviction que si on commence quelque chose il faut pouvoir mettre la main à tout, et que s’il y avait des ouvrages particulièrement désagréables, c’était à moi de les faire... Et puis j’avais déjà l’opinion un peu informulée et que Monsieur BERNSON nous a si bien énoncée plus tard, que tout peut être une occasion de se renouveler, de se nettoyer l’esprit... Là vraiment, je me suis débarrassée de préjugés de dégoûts non motivés, et j’ai compris que la vie se construit non seulement par des actes choisis mais en acceptant tous les actes nécessaires qui se présentent. Donc, j’ai fait ce nettoyage à fond... Quelques douches avec de l’eau de Cologne ont été nécessaires pour mettre en accord corps et esprit...
    Dans une construction à rénover, il y a un problème que j’ai trouvé difficile à résoudre : c’est celui des escaliers. On ne sait jamais où les faire partir et où les faire aboutir pour qu’ils ne prennent pas trop de place. C’est le seul point noir de mes souvenirs.

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    Nous avons dû acheter un mulet pour nous permettre de monter les matériaux nécessaires et ce “Bijou” deviendra un auxiliaire bien utile. A la ferme, nous avions trouvé un break et une charrette, tout ce qu’il fallait.
    Je n’avais jamais touché un cheval, mais quand il est nécessaire de faire quelque chose, on le fait ! La première fois que je suis descendue en break à Dieulefit, ma mère et sa fidèle compagne, ma seconde mère, Emilie, voulurent absolument m’accompagner pour partager mes dangers. Elles recommandèrent leur âme à Dieu et nous partîmes courageusement mais au fond, pas rassurées du tout. Tout marcha à merveille mais je n’ai jamais été très détendue en conduisant le break. J’aime beaucoup mieux conduire une auto... mais c’était beaucoup plus facile d’aller à Dieulefit avec une charrette plutôt qu’avec une brouette pour ramener les matériaux...
    Il nous fallait aussi une vache, mais nous n’avions pour la loger qu’une écurie à cochons qui n’était ni très large ni très longue ; cette pauvre vache ne pouvait sortir qu’à reculons et il fallait l’aider en la tirant par la queue. Toutes les sorties étaient épiques et que de fous rires nous avons pris à ce sujet ! Il m’a bien fallu apprendre à traire, et c’est dur. En y pensant, je sens encore le mal au bras que j’avais tous les matins après vingt minutes de cet exercice.
    J’avais eu, de la part de mes frères, comme cadeaux d’anniversaire, deux jolis petits cochons (Mars et Vénus) qui furent très vite apprivoisés et qui nous ont appris que les cochons bien élevés et aimés sont mélomanes.
    La salle à manger donnait sur la cour par une grande fenêtre, et quelle ne fut pas notre surprise de voir deux petits cochons se précipiter vers cette fenêtre dès que quelqu’un jouait du piano dans la salle. Ils se couchaient dans la cour, juste sous la fenêtre, et restaient là tant que la musique durait. Si plus tard, dans votre maison, vous avez de jolis petits cochons, faites-en l’expérience.
    Nous avions aussi des poulets qui connaissaient ma chambre et qui venaient toquer la porte avec leur bec quand ils n’avaient pas ce qu’il fallait.
    Il nous manquait un homme. N’ayant pas d’argent, nous ne pouvions nous permettre de prendre un ouvrier agricole. Aussi avons-nous fait paraître une annonce pour avoir un alsacien ou un lorrain qui voudrait venir apprendre le français, et nous eûmes très vite une proposition.

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    Un matin, à la gare de Dieulefit, nous vîmes arriver un grand jeune homme avec un superbe gilet à fleurs alsacien, parlant assez mal le français, une figure souriante qui nous plut au premier coup d’oeil. En nous voyant, il eut l’air un peu effaré et nous comprîmes plus tard pourquoi : sa mère lui avait bien recommandé d’être très gentil, très poli, de se rendre utile car elle était sûre qu’il allait tomber chez deux vieilles filles. Et voilà qu’il était accueilli par deux jeunes filles (22-23 ans). Nous nous sommes très vite bien entendus et Emile DOURSON, “Oncle Emile”, fut accepté par tout le monde, Dieulefit compris.
Tout de suite, il s’est mis au travail avec la même ardeur que nous-mêmes, et ensemble, nous avons labouré, moissonné, pris soin des animaux, etc. En même temps, il fallait faire la cusine sous un petit auvent en plein air, n’ayant pas encore de pièce pouvant servir de cuisine.
    Petit à petit, notre maison se transformait, des pièces s’arrangeaient dans les greniers à foin, nos pensionnaires augmentaient, et notre pension commençait à ressembler à une pension et non plus à un chantier.
    Les Dieulefitois ne croyaient pas beaucoup à notre réussite : “Ces demoiselles qui ont toujours travaillé en ville se figurent qu’elles pourront faire tous les travaux nécessaires ! Nous allons voir.” Et ils ont vu ! Dix ans après, la pension marchait à plein, sans interruption. En 1927, la pension était complètement installée. Oncle Emile avait épousé mon amie, J. RIVARD, et avait pris avec elle la direction de la pension.
    Je me sentais un peu inutile. De plus, nous avions eu quelques enfants comme pensionnaires, et j’entrevoyais pouvoir leur donner une aide plus fructueuse que celle que nous pouvions donner dans une pension d’adultes. Déjà, beaucoup plus jeune, je m’étais sentie concernée par le problème des enfants. Les enfants, en général, sont adorables jusqu’à 6 ans. Puis les difficultés commencent et la plupart des adultes ont beaucoup de peine à s’adapter.
    Donc je me décidais de créer une maison d’enfants, sachant bien que pour cela il me serait nécessaire d’avoir une préparation différente que celle que je possédais. Savoir faire la cuisine, moissonner, planter, jouer au bridge, ne suffiraient pas.
    J’avais entendu parler de l’Institut Jean-Jacques ROUSSEAU et je suis donc partie pour Genève en Mai 1927. Quel changement de vie !

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Heureusement, je fis très vite la connaissance de Madame ANTIPOFF, Assistante de Monsieur CLAPAREDE qui m’introduisit dans cette communauté. Je ne savais pas très bien comment je pourrai vivre pendant mes études mais j’étais sûre que je trouverai une situation. M. et Mme DOURSON m’auraient aidée très volontiers, mais je trouve toujours qu’il faut se débrouiller toute seule lorsqu’on le peut. J’ai pu avoir une place à la Maison des étudiants, et il ne me restait plus qu’à trouver du travail. Je me suis offerte à l’Institut immédiatement pour aider à n’importe quels travaux, et Mme ANTIPOFF, Assistante de Monsieur CLAPAREDE, m’a occupée au Laboratoire de Psychologie. Très vite, Mme ANTIPOFF m’a offert une situation rémunérée et m’a fait participer aux travaux du laboratoire : établissement de tests, étalonnage, tests à faire passer dans les écoles, etc..
    L’accueil de Mme ANTIPOFF, si ouvert, si généreux, m’a conditionnée, je crois, pour l’accueil que j’ai pu faire plus tard aux visiteurs de Beauvallon. Je me suis rendue compte de l’importance de l’accueil. Par votre accueil, vous pouvez redonner confiance à des personnes qui ne savent pas trop que faire, de l’espoir à quelqu’un de découragé.
    Mme ANTIPOFF m’a introduite dans le cercle des professeurs : MM. CLAPAREDE, FERRIERE, BOVET, DOTTRENS, BAUDOUINS, et leur chaleur humaine, leur rayonnement spirituel, leur enseignement adapté à notre ignorance, m’ont ouvert des horizons immenses. Je me suis trouvée dans une communauté largement ouverte, sans aucune barrière, sans aucune hiérarchie. Les membres de cette communauté se retrouvaient à l’heure de thé sans aucune obligation de présence. La mission de recevoir, de présenter des visiteurs, était confiée à Mme SECHAYE.
    Tout le monde était à l’aise ; il régnait dans ces réunions quotidiennes une atmosphère de fraternité très agréable pour les gens si divers qui y venaient. On n’y discutait pas des sujets transcendants, mais chacun apportait ses réflexions, ses difficultés, et beaucoup de questions se résolvaient grâce à ces contacts.
    Nous avons continué à Beauvallon à avoir cette heure de rencontre et nous continuons toujours.
    Tous les quinze jours à peu près, Mme ANTIPOFF et M. CLAPAREDE organisaient des balades de deux jours aux environs de Genève, en France très souvent. Pendant ces courses, nous n’étions tous que des camarades. Parfois, nous étions invités dans la propriété de M. CLAPAREDE.

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    Pour les cours, tout se remettait en place, professeurs et élèves, et nous étions plus attentifs, plus intéressés que dans la plupart des cours de faculté. Cet Institut n’était pas une école. On ne nous enseignait rien de concret pour notre action future mais on nous ouvrait des horizons nouveaux sur la psychologie de l’enfant et son rôle dans l’éducation. On nous donnait le désir d’en apprendre toujours plus et on nous faisait connaître les grands psychologues du monde entier. Toujours on nous incitait à réfléchir, à ne pas accepter une connaissance sans que nous l’ayons assimilée.
    Que je dis mal ce que m’a apporté l’Institut... On nous offrait une telle richesse dans tous les domaines de l’esprit que nous étions comblés du point de vue pédagogique. On nous faisait connaître DECROLY, DALTON, PLAN, MINELKA,.... FREINET... On nous donnait le désir d’en apprendre beaucoup plus, et toujours la grande loi qui prime tout : l’éducation ne se réduit pas à telle ou telle méthode, l’enfant ayant en lui-même toutes les possibilités nécessaires à son développement. Eduquer, c’est créer un climat d’amour et de compréhension où l’enfant puisse se développer à son rythme propre.
    FERRIERE : “Fonder une école nouvelle est le seul moyen pour travailler à l’élaboration d’une société future où chaque homme serait à la hauteur de ses devoirs d’homme et serait à sa place propre dans l’économie humaine. L’adulte n’est pas là pour vouloir en son nom personnel, pour exercer une autorité arbitraire, il est là pour favoriser le vouloir bon de l’enfant au nom des valeurs spirituelles : Amour - Raison - Vérité. Il doit être celui qui éclaire la conscience de l’enfant et qui permet à cette conscience de croître et d’imposer son pouvoir. Son autorité ne peut être qu’une autorité morale.”
    FERRIERE : “Quel plus beau métier que celui d’éducateur qui vous oblige pour avoir une autorité morale reconnue par l’enfant, à vous élever vous-même, à cultiver en vous ces mêmes qualités morales dont vous leur parlez.”
    Je me rends compte encore maintenant que j’ai été conditionnée par cette vie à l’Institut et que notre Ecole de Beauvallon est vraiment fille de l’Institut. Je n’ai pas l’impression actuellement que les écoles d’éducateurs imprégnent si fortement leurs élèves.
    La Maison des étudiants a beaucoup compté aussi dans ma vie. J’y rencontrais des étudiants suisses et étrangers qui suivaient à Genève des écoles différentes de l’Institut, et nous discutions de nos diverses disciplines dans un climat d’amitié et de fraternité.

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L’été, nous allions nous baigner à la plage du lac. C’était pour moi un immense plaisir car j’avais toujours désiré me baigner et apprendre à nager. A cette époque-là, à Dieulefit, les bains de rivière et de piscine, quand il y en avait, n’étaient pas très admis pour les femmes. Aussi, à Genève, j’ai eu comme une libération complète. A l’Institut, j’avais éprouvé une libération intellectuelle, et au bord du lac, je me suis libérée de tous les interdits physiques que je ne comprenais pas.
    En apprenant à nager, je me suis promis qu’à l’école que je construirai nous aurions une piscine en même temps que la maison, et c’est ce que nous avons réalisé. Vraiment, ces deux années à Genève ont été pour moi un enrichissement à tous les points de vue, et je ne sais pas comment exprimer la reconnaissance que j’ai pour tous mes professeurs et spécialisement pour M. CLAPAREDE et Mme ANTIPOFF. Naturellement, à la Maison des étudiants, je parlais beaucoup de ce qui se passait à l’Institut et de tous nos projets.
    J’ai rencontré, en Mlle Catherine KRAFFT, quelqu’un qui s’est enthousiasmée autant que moi pour tout ce que j’espérais faire, et nous n’avions jamais assez de temps pour tâcher de concrétiser nos espérances. Je me rappelle que nous avions désigné des enfants par des noms immaginaires et nous leurs parlions comme à des personnes vivantes. Petit à petit, le désir d’emmener Mlle KRAFFT se faisait plus conscient. Mlle KRAFFT, avec son sens de la mesure (que je n’avais pas beaucoup), de l’organisation d’une maison, me paraissait une associée indispensable, et je lui avais proposé d’abandonner sa place de Directrice et de venir avec moi à Dieulefit. Elle a accepté et nous avons pu faire des plans plus précis.
    Nous voulions bâtir cette école en pleine campagne mais aussi pas très loin d’une grande ligne de communication car notre école devait s’ouvrir facilement au monde extérieur. Nous ne voulions pas bâtir cette école sur le modèle des internats français donc, dans nos plans, nous prévoyons des petites chambres pour nous-mêmes et les professeurs puisque nous voulions former une grande famille. Je pensais aussi que Dieulefit serait le lieu le mieux adapté à la réalisation de nos plans.
    Pour ceux qui liront ces quelques pages et qui ne connaissent pas Dieulefit, je ne peux mieux faire que copier une description faite par Andrée VIOLLIS, auteur de “S.O.S. Indochine” entre autres, et qui s’est réfugiée à la pension de Beauvallon pendant la guerre.



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    En 1928-1929 (?) juillet : Mlle KRAFFT et moi-même nous quittions Genève. La pension, naturellement, nous accueillit et mit à notre disposition un pavillon pratiquement indépendant du reste de la maison. Nous amenions avec nous de Suisse un adorable petit vaudois de 2 ans pour qui je fis très vite les formalités d’admission (adoption ?) et Fernand SOUBEYRAN fut le premier fils de notre maison d’enfants. Nous avons eu tout de suite des enfants : un asmathique, un psychotique grave, des enfants dont les parents ne pouvaient pas s’occuper : en tout, six enfants, et nous commencions à chercher l’emplacement de notre future maison.
    Nous trouvons tout de suite un terrain très boisé, dans une petite vallée avec un adorable petit ruisseau : le rêve de beaucoup de personnes. Enthousiasmées, nous l’achetons immédiatement (ne vous pressez jamais d’acheter avant d’avoir deux ou trois solutions). Et puis, après y être allées plusieurs fois, nous nous rendons compte que c’est un lieu renfermé sur lui-même et que, pour nos enfants, ce serait comme fuir la vie sociale, les contacts, etc. Cela sera, au contraire, un très joli terrain de jeux.

    Nous repartons en chasse et, un peu plus loin de Beauvallon, nous trouvons un champ complètement nu, adossé au nord à des petites collines, avec une ouverture sur la vallée de Dieulefit. Pas de route pour y arriver : ça, ce n’est pas grand chose, une route est vite ouverte. Mais le plus grave, c’est qu’il n’y a pas d’eau. Le propriétaire nous donne la permission d’y creuser un puits avant d’acheter. Avec un sourcier, nous trouvons l’eau à plusieurs endroits et nous creusons un puits avec succès.
    Nous pouvons acheter, nous ouvrons la route, nous la traçons jusqu’à l’endroit où nous voulons construire la maison. Et bien, c’est une chose très difficile que de tracer une route : il faut la faire toute droite à travers le champ, ou tout autour du champ pour que le devant de la maison soit plus dégagé ? Nous décidons de traverser le champ tout droit, mais avant d’arriver à l’endroit choisi pour la maison, nous découvrons quatre petits pins de 80 centimètres à un mètre.
    Nous ne pouvons pas les abîmer, les seuls petits arbres de notre champ, et nous infléchissons notre route à droite pour aller tourner devant la maison et redescendre. En faisant cela, nous délimitons un espace en forme de coeur que nous avons toujours gardé et qui s’appelle toujours ainsi. Nous commençons à tracer les limites de la maison et je revois encore le moment où Mlle KRAFFT et moi-même, avec une ficelle, une grande équerre et une boussole, nous avons déterminé l’emplacement exact, l’orientant sud-est. Qu’elle nous paraissait petite, notre école, délimitée par quatre ficelles, mais quel amour déjà pour cette future maison où nous espérions tant donner du bonheur à des enfants.


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Nos plans étaient déjà presque au point. Nous n’avons pas pris d’architecte : où aurions-nous pris l’argent ? Mais notre maison ne tombera pas sur le dos des enfants. Le frère de Mr DOURSON était ingénieur et a pu nous calculer la résistance des poutres, de la charpente et des murs.
    Mr VEYRIER, entrepreneur à Dieulefit, veut bien venir nous aider, et nous commençons enfin. Pendant un an, cette construction fut le grand centre d’intérêt de tous nos enfants. Une fois la classe finie, nous partions à la construction et quelles bonnes leçons de choses pouvaient se donner sur place !
    Notre psychotique, Laurent, passait des heures allongé le plus loin possible sur une poutre. Au début, nous avions peur, mais il ne lui est jamais rien arrivé et nous l’avons laissé faire.
Nous empruntions, au fur et à mesure, à nos amis dieulefitois, à ma famille, l’argent nécessaire. Je viens de retrouver des anciens livres de comptes. On nous a prêté en tout 180 000,00 F. La réussite de la pension me facilita beaucoup tous ces emprunts. Dieulefit commençait à avoir confiance dans nos projets
    Nous n’avions pas pris les tuiles romaines, car je me souvenais trop comment dans mon enfance il fallait à chaque grosse pluie monter dans le grenier avec des cuvettes à mettre sous les goutières. Aussi, nous avions acheté des évrites de Bourgogne qui n’avaient pas ces inconvénients. Personne n’était très au courant de la pose, aussi, lorsqu’on a commencé à les poser, j’allais m’asseoir sur le toit avec Mr VEYRIER et, ensemble, nous étudiions les plans. Et finalement, ces évrites ont été bien posées.
    Il me fallait aussi faire des démarches pour l’ouverture de notre maison. Nous voulions recevoir garçons et filles depuis l’âge de 3 ou 4 ans jusqu’à 16 ans.
    Comme nous voulions créer un milieu familial, nous ne pouvions concevoir de faire une “caserne” pour les garçons ou un “bon pasteur” pour les filles. Mais la mixité n’était pas encore rentrée dans les moeurs et on nous refusait l’autorisation. Après plusieurs démarches infructueuses, nous avons tout de même trouvé une solution d’accord avec les autorités. Notre internat serait agréé par la Santé comme préventorium qui pouvait être mixte, et nos classes seraient agréées par l’Education Nationale. Etant à deux kilomètres de Dieulefit, ces classes pouvaient être mixtes. Vous voyez qu’avec de la persévérance et une conviction inébranlable, tout peut s’arranger.

 
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    Il est vrai qu’il y a de cela 50 ans et qu’à cette époque, nous étions moins embourbés dans l’administration qui était encore humaine.
    En Juillet 1931, nous pouvons enfin prendre possession de notre maison. Et pendant l’été 1931, nous étions plutôt une pension d’adultes : des dames de Lyon s’occupant d’éducation sont venues passer leurs vacances ici.
    Mme ANTIPOFF était partie pour le Brésil pour porter là-bas les idées de CLAPAREDE et elle nous avait confié son fils Daniel qui avait 11 ans.
    Dès Octobre, nous avons eu des demandes d’enfants. Nous avions envoyé à des médecins que nous connaissions un petit résumé de ce que nous voulions faire : une Ecole nouvelle d’après les principes de l’Institut Jean-Jacques ROUSSEAU à Genève.
    Nous avions fixé un prix variant entre 300 et 500 F par mois et par enfant. Nous ne voulions pas faire de bénéfice et notre prix était calculé pour obtenir un prix moyen suffisant pour couvrir nos dépenses.
    Nous avions pour nous aider une jeune suissesse et une de nos amies de la Maison des étudiants. Pendant la construction, un ouvrier s’était particulièrement intéressé à ce que nous faisions. C’était un Dieulefitois connaissant tout le monde, à Dieulefit aussi bien qu’à la campagne. Nous lui demandons de rester avec nous pour nous aider pour le jardin, le ravitaillement et il ne nous a plus quittés jusqu’à sa retraite. Il a été un collaborateur inappréciable.
    Ce qui me frappe en écrivant ces souvenirs, c’est la quantité de personnes qui surviennent au bon moment, qui se mélangent à notre vie et nous apportent l’aide dont nous avons besoin.
Il faut avoir confiance dans la vie.
    Naturellement, pour créer notre communauté de style familial, nous ne nous sommes jamais considérées comme des “directrices” mais comme des amies qui étaient là uniquement pour aider les enfants que l’on nous confiait. Il fallait trouver un nom pour nous faire appeler et nous avons tous été d’accord pour “Tante Marguerite”, “Tante Catherine”, et nour appelions les collaborateurs par leur prénom. Plus tard, nos enfants adoptifs nous ont appelées “Mamie” et “Atie” et ce sont les noms que nous portons encore.

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    Le tutoiement nous paraissait absolument normal mais ce n’était pas une obligation ; nous avons eu des enfants qui vouvoyaient leurs parents et qui ont continué avec nous. Plus tard; un de nos collaborateurs nous disait : “Mais vous n’avez pas peur que ce tutoiement nuise au respect que les enfants devraient avoir ?” Il n’avait pas compris que le respect est inspiré par la valeur de l’individu et non par les signes extérieurs, ce tutoiement ne portant nullement atteinte au respect que les enfants nous témoignaient.
    Nous mangions avec eux naturellement, nos chambres étaient au milieu des leurs et tout ceci ne nous pesait absolument pas. C’était nos enfants et nous avions simplement la joie d’avoir une grande famille. Il n’était pas question naturellement d’heures de travail ou de liberté : nous vivions tous ensemble, c’est tout. Nous voulions que nos enfants participent vraiment à toute la vie de notre communauté.
    Cette communauté, nous la construisions ensemble, il nous fallait donc un organisme où nous puissions être en contact, où nous puissions discuter les nécessités de notre vie en communauté, nos difficultés, et nous avons institué une “assemblée” hebdomadaire qui réunirait tous les habitants de la maison, où tous auraient droit à la parole, où des votes à mains levées sanctionneraient les décisions proposées. Je présiderais moi-même ces réunions.
    Nous nous sommes donc réunis, nous avons expliqué ce que nous voulions faire et pourquoi. Notre première assemblée était  née, et depuis 1931, nous n’avons pas passé une semaine sans assemblée.
    Là encore, chez nos aides, chez nos enfants, nous avons trouvé une coopération qui ne s’est jamais démentie, et cette assemblée est devenue et est restée le centre de notre vie communautaire.
    Là, très vite s’est posée la question des responsables pour aider les plus jeunes, les plus inconscients.Nous avons eu la chance d’avoir de grandes filles et de grands garçons qui sortaient de l’ordinaire, deux surtout : Gaby et François, qui ont été pour nous des aides incomparables. Il fallait trouver des noms et, après beaucoup de discussions, c’est le mot “préfet” qui a été retenu à cette époque, et mes deux préfets ont très bien rempli leur fonction. Ensuite, nous avons eu des “ministres” et des “juges de paix”.
    Toute cette organisation était vraiment passionnante et j’en garde un souvenir qui éclaire toute ma vieillesse.


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Nous avions des classes et, à côté du travail scolaire, nous organisions le jardin, nous plantions des arbres, presque trop puisque maintenant nous nous demandons si nous ne ferions pas bien d’en élaguer quelques-uns.
    Pendant ces premiers mois d’existence, nous avons eu déjà des imprévus : un groupe de jeunes allemands, garçons et filles, qui sont venus pour trois semaines. Et comment sont-ils venus ? Je n’en sais plus rien !
    Notre docteur, Monsieur LUIGI, arrive un jour : “Venez vite avec moi à La Bégude... J’ai eu à soigner une femme que l’on a hospitalisée après qu’elle eût mis au monde deux jumeaux qui ont été mis chez une nourrice à La Bégude, mais ils me semblent très mal en point.” Nous allons avec lui à La Bégude et nous trouvons deux pauvres bébés de 1 ou 2 mois dans un état vraiment pitoyable. Nous ne pouvons pas les laisser là et nous les avons ramenés à Beauvallon. J’étais infirmière et M. LUIGI avait confiance dans mes capacités. Nous les avons gardés deux ou trois mois, jusqu’à ce qu’ils soient à peu près d’aplomb. C’était pour nos enfants un bon centre d’intérêt.
    Un matin, j’entends Gaby, affolée, m’appeler : “Tante Marguerite, viens vite, viens vite, les bébés ne respirent plus !”  Vous pensez si je cours... et ils n’avaient pas en effet l’air trop éveillé, mais ils respiraient encore. Nous les avons sortis d’affaire, mais là encore, nous avons expérimenté que l’Amour est encore le meilleur remède (avec les soins appropriés). Nous avions l’impression que nous devions les tenir dans nos bras pour retenir la vie en eux. Ils sont repartis en bon état chez une nourrice bien choisie et nous avons eu de leurs nouvelles quelque temps après. C’était de beaux bébés.
    Et avec tous ces imprévus, il fallait tout de même faire la cuisine (mon domaine), le ménage (c’était celui de “Tante Catherine”) et les leçons car nous faisions la classe. Je me demande maintenant comment nous arrivions à faire tout cela. Je n’ai pas du tout le souvenir d’avoir été épuisée et découragée. Au contraire, ces premiers mois me laissent des souvenir lumineux.
    Et pendant ce temps-là, notre piscine se construisait : 20 mètres sur 9 mètres, profonde de 1,20 mètre en haut et 2 mètres dans le fond. Nous n’avons pas vu trop étriqué...
    Une question se posa à nous assez vite. Comment devions-nous organiser le ménage ? Chaque enfant faisait son lit naturellement et rangeait ses affaires personnelles.


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    En discutant cette question avec eux, nous avons été amenés à préciser que dans une communauté comme la nôtre, il était indispensable que tous les membres de la communauté prennent leur part dans les travaux ménagers. Les enfants ont très bien admis ce point de vue et, à l’assemblée, le travail de la maison se répartissait entre tous.
    Nous nous sommes aperçus très vite que les Français ne mettent pas facilement leurs enfants en pension lorsqu’il n’y a pas une nécessité profonde.
    Nous avions choisi de nous occuper d’enfants intelligents, non pas que les “débiles” ne soient pas intéressants (et on peut leur consacrer notre vie), mais chaque être a une fonction à remplir qui lui est propre en vue du but que l’on s’est fixé. L’école nouvelle, pour nous, était une préparation à la vie et le moyen de former des citoyens dignes de ce nom. Nous voulions nous occuper d’enfants qui, une fois récupérés, apporteraient quelque chose à la société
    Vous allez penser que notre but était bien ambitieux, mais nous pensions (et je pense encore) que chacun de nous a une tâche à accomplir, si petite soit-elle, pour essayer d’apporter plus de justice, plus d’égalité, plus de vraie démocratie dans le monde. L’énormité de la tâche, et en même temps notre petitesse, ne m’effrayaient pas.
    Si chacun, dans le cercle où il est placé, consacrait sa vie à cette tâche, j’ai la conviction profonde que le monde entier marcherait mieux. Et cette conviction ne m’a pas quittée car c’est elle que j’essaie d’inculquer à nos enfants. Si nous faisions tous régner la paix autour de nous, la paix mondiale serait peut-être proche. J’avais déjà écrit ces lignes il y a quelques années, mais si je les remets ici, c’est que j’y crois encore.
    Nous avons donc eu, au départ, des enfants que l’on nous confiait par ce que, même intelligents, ils ne suivaient pas en classe, parce qu’ils avaient besoin d’un séjour en pleine campagne, parce que les parents, divorcés, ne pouvaient pas les garder avec eux, ou parce qu’ils volaient à la maison ou à l’école. Ce n’était pas des psychotiques et, pendant les dix premières années de l’Ecole, nous n’avions pas d’enfants vraiment difficiles.
    Ils venaient de tous les coins de France. Ceux qui restent vivants dans mon souvenir sont ceux qui se sont mêlés très activement à la vie de notre communauté : nous avons eu quatre petits Russes de l’Ambassade soviétique : l’un d’entre eux, Stéphane (13 ans) animait les assemblées par ses interventions, ses propositions.

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    Je le vois encore sur la porte de la salle à manger, haranguant ses camarades déjà assis :”Vous faisiez un boucan effroyable, “Tante Marguerite” apparaît à la porte et, plus de bruit ! Il vous faut quelqu’un pour vous taire et appliquer les lois de l’assemblée. Vous n’êtes pas capables d’être responsables de vous-mêmes !” (et tous les enfants baissaient le nez).
    C’est sur son initiative que nous avons inauguré un journal. Sous son impulsion, ce journal a été pendant quelque temps un ferment dans l’Ecole pour ses critiques, ses conseils. Après son départ, il est devenu plus littéraire avec nos écrivains et nos poètes.
    Nous avons eu très vite des collaboratrices avec qui nous avons pu travailler en parfait accord :
- Mlle SCHLUSSEL, qui s’occupait de l’imprimerie du journal et enseignait des travaux manuels, le dessin, le pipeau. Nous avons eu un véritable orchestre de pipeaux soprano alto après avoir appris aussi à les construire.
- Mlle CHABANES, sortant de l’Ecole Normale, avait une classe primaire et appliquait la méthode Montessori avec succès. Nous avions eu pendant un an une “montessorienne” convaincue qui nous avait laissé un matériel important. Et la vie continuait avec des apports extérieurs de toutes sortes.
    Il est vraiment étonnant combien une Ecole largement ouverte bénéficie de cette ouverture pour s’enrichir d’une façon extraordinaire.
    Notre second enfant adopté, par Mlle KRAFFT cette fois, nous est amené à 4 mois par Mlle SCHLUSSEL, et une joie de plus nous était offerte.
    Très vite, la maison est trop petite. Nous sommes submergées de demandes. Nous ne faisons aucune propagande mais nos enfants s’en chargent. Nous sommes donc obligées de construire, pendant l’hiver 1934-35, notre deuxième maison à une vingtaine de mètres de la première, un peu sur le même modèle, mais sans cuisine ni salle à manger, des classes au rez-de-chaussée et des chambres au premier.
    Des amis désirant quitter Paris et s’intéressant à notre travail, viennent habiter cette seconde maison.

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    En Octobre 1935, Mr ARCENS, licencié en droit, ouvre une section d’études secondaires, ce que je n’avais pas pu faire, manquant des titres nécessaires. Nous acceptons alors des filles et des garçons plus âgés.
    Notre assemblée hebdomadaire continue à unir toute la maison dans l’élaboration des lois, l’établissement des responsabilités.
    Les responsables sont toujours appelés “préfets” mais il leur est adjoint des ministres de l’intérieur, des études, etc.
    En Octobre 1936, Simone MONNIER vient nous rejoindre, venant de l’Institut Jean-Jacques ROUSSEAU. Elle y a travaillé surtout avec Piaget, et a les mêmes idées que nous sur l’éducation. Elle nous apporte tout le côté artistique qui nous a manqué jusque-là : musique, dessin, art dramatique, et sa venue est pour nous un grand enrichissement. Beauvallon devient sa maison et elle va s’attacher à y développer toutes ces activités jusque-là négligées mais qui sont primordiales.
    Nous sommes encore à l’étroit et, en 1938-39, nous faisons construire une addition au dos de la petite maison : salle de jeux et imprimerie au rez-de-chaussée, chambres et salle de douches au premier. Pour nous, ces constructions ont été plus faciles à faire que les premières, et je voudrais dire que tous ceux ou celles qui veulent organiser une maison d’enfants, ne doivent jamais perdre courage car, si les débuts sont difficiles, tout devient plus facile si l’enthousiasme ne fléchit pas. Un succès en appelle un autre, des amis de plus en plus nombreux se groupent autour de vous et vous pouvez aller de l’avant en toute confiance.
    Mr et Mme ARCENS nous quittent pour aller eux-mêmes fonder l’Ecole de la Roseraie à Dieulefit.